La Fraternité de Tyrande

[Lérana]

Compagnons... Sachez que conter ma vie n'est pas quelquechose qui me plaise, même si je pense cela nécessaire afin de mieux me cerner, quitte à vous déplaire.

Pour ma part, peu sont ceux à qui j'ai raconté mon histoire, et encore moins sont ceux qui y ont cru... Quelques uns savent très bien que ce qui va suivre est véridique, d'autres m'ont pris pour un vieux fou, et peut être n'ont ils pas tort en un sens, car qui de sensé pourrait y croire ??

La vérité, c'est que je ne sais pas bien qui je suis, ou plutôt ce que je suis: un compagnon sincère pour mes amis, Algorath l'humain, un vieux gâteux pour d'autres, un mage sage et grognon ou encore un vagabond sans intérêts !!
Pour tout dire en quelques mots; je suis la réincarnation d'une très ancienne créature... enfin, la 4eme réincarnation en fait...

Mais commençons par le début, et surtout par le début de cette vie en temps qu'homme... Je suis "né" dans un petit village à l'intérieur des terres de Loarderon, dans une famille sans histoire particulière. Nous vivions pauvrement, mais heureux je dois dire.
A l'âge de 9 ans environ, une bande de pillards orcs rasa mon village, tuant tous les habitants, alors que j'étais parti pêcher à quelques lieux de là. Revenu quelques heures après le massacre, je vis ma famille, et tous les villageois, morts baignant dans leur sang... Ce fut un choc pour moi, et je suis resté un long moment prostré sur la place du village, pleurant la mort de tous ceux que je connaissais depuis toujours ...

Quelques heures, ou serait-ce quelques jours après, un homme, un des éclaireurs de l'armée du Roi des Hommes passa, poursuivant et cherchant à localiser la bande de pillards. Il me vit, parla un peu avec moi, puis m'emmena avec lui. Il se nommait Brend, homme d'honneur et de bien, qui servait l'armée depuis bien longtemps déjà. Au vu de son âge avancé, et de toutes ces années passées au service du royaume, Brend prit sa retraite et devint mon tuteur. Il m'emmena dans les hauteurs d'Alterac, loin des plaines septentrionales. Là, il m'apprit à lire, à écrire, ainsi que l'histoire des divers royaumes. Il m'apprit également son métier de pisteur, aiguisant ma curiosité, me parlant sans cesse de régions inexplorées, de lieux inconnus... Il m'apprit également à me battre à l'épée, bien que sommairement.

J'ai passé ainsi 6 ans avec lui, 6 ans d calme et de bonheur, qui n'avait rien à envier à ma vie au village. Les rares fois où je pensais à mes parents avec nostalgie, il savait me trouver et détourner mes pensées par milles et unes facéties !!

Lors d'une de nos virées les plus lointaines, alors que nous revenions tranquillement vers notre habitat, une bande de trolls et d'orcs nous tombèrent dessus... ces crapules nous avaient tendu une embuscade, et nous n'avions rien vu venir... Quelle erreur pour un pisteur et son "apprenti". Nous aurions été plus attentifs que nous aurions sans doute perçu les signes avant-coureurs de ce misérable piège. A 6 contre nous, nous ne pouvions faire face... Brend prit alors soin d'attirer les ennemis à lui, et m'ordonna de fuir au plus vite. N'étant pas armé, et ne pouvant rien pour l'aider, je courus le plus loin que mes jambes le purent, puis je me cachais dans un arbre. Je priais alors pour la vie de Brend, que je ne voulais pas perdre....
Au bout de deux, voir trois heures, je revins le plus discrètement possible à l'endroit du combat. Deux trolls gisaient là, morts. Les autres semblaient avoir décampés... Le corps de Brend, qui portait de nombreuses entailles, était allongé un peu plus loin, comme s'il avait voulu leur couper la possibilité de me poursuivre... Des larmes coulant sur mes joues, j'ai alors creusé une tombe un peu en dehors du chemin, où je mis le corps de mon précepteur. Je laissais les charognes s'occuper des cadavres des assaillants...

Je partis sans trop savoir où aller, vivant dans les forêts, vaguement conscient de l'endroit vers lequel je me dirigeais, perdu...

Au bout de plusieurs mois à naviguer de régions en régions, de villes en villages, j'arrêtais mes pas dans une ville portuaire du nord du continent. Un étrange appel me poussait au large... Je me fis engagé comme docker, puis comme pêcheur dans ce port. Tous les jours, pendant quelques semaines, cet appel revenait me hanter... Souvent, au milieu du jour, mon regard se portait inconsciemment au large, sur un horizon flou.
Un matin, l'envie se fit plus pressante que jamais. Je me levais alors que tous dormaient encore, et je pris une barque et 2 rames, sans provisions ni aucuns bagages, et parti direction le large... Sans aucune boussole, j'allais instinctivement dans la direction qui m'attirait... Et je vis au bout de quelques heures seulement une étrange île, toute petite, entourée d'un brouillard tout aussi étrange. Personne au port n'avait jamais parlé d'un tel endroit, alors qu'il se trouvait si proche des côtes...

En arrivant sur le rivage, j'aperçus une sorte de tour assez peu élevée, qui dominait le lieu. Lorsque je m'approchais, la porte massive qui donnait accès à la tour s'ouvrit doucement dans un léger bruit de gonds. Surpris mais curieux comme jamais je ne l'avais été, je pénétrais dans la demeure sinistre. Un feu crépitait dans la cheminée, mais personne ne semblait vivre ici...
Soudain, une voix vint à moi depuis le fond de la pièce... Une voix étrange, comme sortie du néant: "Enfin te voilà, Dim'Luna... ou Algorath, selon ton nom de ce temps". Une forme spectrale, imposante malgré sa "taille d'homme", se dirigea vers moi. Elle semblait flotter au dessus du sol... "N'ai pas peur, mon disciple. Te souvenir de moi viendra assez vite. Il est temps pour toi de te rappeler qui tu es, et pourquoi tu existes". Une sorte de bras spectrale me toucha alors le front, et je me sentis chuter.
Les souvenirs affluaient dans mon crâne: mes autres "vies" sur ce monde. Ma première incarnation dans cet être il y a des milliers d'années, ce Dim'Luna, un être immense tel qu'il n'en existe plus en ces terres, puis ma vie en tant que prêtre Troll, à l'époque d'une de leur civilisation les plus abouties, puis mon existence assez courte en rapport avec les deux autres, lorsque j'étais un puissant nain du Clan Whildhammer, un guerrier-magicien reconnu, chasseur de démons au maintes victoires... ma bien-aimée Vicca... morte de ma main face à ce démon-sorcier, puis la folie, et la mort donnée par mes compagnons... Et le néant... jusqu'à sa naissance dans le corps de ce petit garçon.
Ils étaient Six à l'origine, Six formes de vies créées par un des Titans secondaires les plus méconnus. Six compagnons liés à ce monde pour y faire prospérer la vie... Et empêcher les formes qui l'habitent de reproduire les mêmes erreurs à travers les âges... Mais quels résultats... L'un fut détruit lors d'une guerre dans laquelle il voulut s'interposer, il y a de cela des millénaires. Deux autres ont été tués par ma main, lorsqu'il était un puissant nain tombé dans la folie... Un autre tomba face au Fléau lors de son premier assaut, pour se relever au sein de leur rang...

Quand au dernier, comment savoir ce qu'il est advenu de lui...

Lorsque je revins à moi, il faisait nuit noire. Ma tête me paraissait lourde, trop pleine... Il me fallait du temps pour mettre de l'ordre dans tout cela. Le spectre, toujours à mes côtés, m'indiqua un repas chaud qui m'attendait sur la table, puis un lit pour que je me repose...
Je tairais tout ce que j'appris là-bas. Sachez seulement que ce spectre m'appris à utiliser la magie élémentaire comme il se doit. Si je disparais quelques temps, il est fort probable que je sois retourné le voir, là où personne d'autre ne semble pouvoir aller...

J'ai parcouru ensuite le vaste monde, prodiguant conseils et aides là où ma présence était nécessaire... J'ai rencontré bien des gens, des personnes admirables comme méprisables, des compagnons et amis que je ne veux pas perdre.

A la demande d’une humaine au cœur pure, rare parmi les dirigeants humains, je créais les Baroudeurs de Tereth : une puissante troupe, dirigée par un Triumvirat dont je faisais parti.
Malheureusement, cette confrérie tomba dans une embuscade du Fléau dans les déserts brûlants de Tanaris… Peu survécurent à ce combat… Taliana, Knives… Sigismond… bien trop peu…
Nous continuâmes alors nos explorations, groupe soudés bien que peu nombreux. A la demande du maître nain paladin Sigismond, nous quatre rejoignirent les « Hired Blades », une bande de mercenaires commandée par une jeune guerrière étrangement charismatique. Cela dura un moment, mais la vie de mercenaire ne nous correspondait pas. Nous avons fini par remettre nos insignes d’appartenance à cette troupe, tous les quatre, unis quoi qu’il se passe.

Nous avons ensuite rejoins les rangs d’une guilde renommée à l’époque : Renaissance. Notre ascension y fut fulgurante. Sigismond ne tarda pas à devenir l’un des officier majeur de la guilde, et je le rejoins très vite. Messire Knives, quant à lui, devînt très vite le meilleur parmi ses pairs guerriers, alignant les prouesses. Et Taliana, passa vite pour une des plus grande prêtresse de la Guilde, en plus de sa gentillesse reconnue. Cette situation dura un moment, et nous étions heureux… Mais un beau jour, Taliana disparût sans laisser de traces. Ce fut sans doute le déclic. Las de nos travaux sans résultats auprès des autres compagnons de Renaissance, Sigismond et moi-même avons remis une fois de plus notre démission. Knives a lui aussi disparut peu après.
Depuis lors, je vagabonde, comme je l’ai fait des centaines d’années, à travers mes existences. Knives me visite de temps à autre, tout comme Sigismond, mais les temps ont changé. J’ai retrouvé une fille, dont j’ignorai l’existence : l’intenable et têtue Algione. Une jeune fille du nom de L érana, que j’ai sauvé à quelques reprises, semble des plus reconnaissante, et accepte de me servir d’informatrice…. Mes yeux et mes oreilles dans les villes, accessibles qu’à ceux reconnus par les milieux illégaux.

A la demande de L érana, et d’une jeune femme nommée Kadya, j’ai rejoint une petite guilde du nom de La Fraternité de Tyrande. Tous les membres semblent sincères dans leur désir de suivre la voie de cet elfe légendaire, et si je puis leur apporter mon aide, je le ferai avec joie… Voilà ma nouvelle vie, ma nouvelle voie….