La Fraternité de Tyrande

[Saddith]

Elle se réveilla à la lueur de l’aube qui lui sembla aveuglante, une douleur sourde lui ceignant les tempes.
Lérana se tenait près de la fenêtre, de façon à regarder dehors sans être vue… Elle ne changera donc jamais dans le moindre détail…

- « Merci… Pour tout ça »

Ce sourire à la fois amical et moqueur se dessina sur les lèvres de son amie.

- « Tu ne sais pas encore à quoi tu ressembles »

Ses pieds engourdis par l’inactivité se posèrent sur le plancher rugueux de la petite chambre d’auberge de la vieille ville, et se raccrochant à tout ce qu’elle pouvait sur son chemin, elle se dirigea vers le miroir au dessus de l’âtre.
L’incrédulité fit place à la réflexion… Pourquoi ce choix là ?

- « C’est plus simple de pouvoir te faire passer pour quelqu’un qui existe déjà, plutôt que de t’inventer une identité de toute pièce, de plus, tu sais qu’avec le vie que je mène, il y a peu de chance que j’interfère dans la tienne… »

Elle passa la main sur le visage de Lérana qui était maintenant greffé sur le sien, elle s’arrêta sur une irrégularité au niveau de sa tempe droite… Elle se tourna pour observer la cicatrice à la forme tribale.

- « Cette marque est le prix à payer… Je suis désolée, ce n’était pas négociable, tu connais les magiciens, c’était soit une excentricité, soit une obligation… Va savoir. »

Le miroir ne reflètera plus jamais ses yeux verts que son père adorait, mais ces yeux sombres à l’air cruel. Voir tout le reste de son visage changer ne la bouleversait pas tant que ça, mais ses yeux… son regard… Etre regardée par une autre dans son miroir… L’impression la laissa perplexe, hébétée un moment, puis elle se rassit sur son lit dans un moment de silence…
Elle se mit à fouiller dans ses affaires et tendit une enveloppe scellée à Lérana.

- « Ca stipule qu’après mon décès, tu es en charge de mes biens, récupère-les, et mets les en banque à ton propre nom, j’irai reprendre ce dont j’ai besoin… »

Lérana ne fit qu’un geste de tête puis partit effectuer la menue commission.
Dans la lueur matinale, Saddith… C’est comme ça qu’elle s’appellera désormais… s’habilla en tenue légère et prépara son histoire… Elle racontera au tatoueur que la cicatrice est due au fer chaud d’un marchand d’esclave qui la possédait, et que pour recommencer sa nouvelle vie, elle aimerait faire passer cette cicatrice pour un tatouage volontaire…

… Tout n’était pas que mensonge… Mais la plupart le sera désormais.